Ce blogue fournit un échantillon du type de réflexions qu'on peut trouver dans notre livre, «Relations amoureuses jetables ou durables?» Suivez ce lien pour en savoir davantage sur ce livre.

La communication responsable

Le texte précédent, S’exprimer et communiquer, établissait la distinction entre les deux. Si vous tombez sur ce présent billet sans avoir lu l’autre, je vous suggère d’abord de le lire, car ce présent billet est construit sur la fondation du précédent.


J’ai assisté récemment à un exemple parfait de communication non responsable. Ce qui m’a saisi le plus est le sentiment d’impuissance que j’éprouve devant la projection d’un torrent de vomi sur le perron de quelqu’un d’autre. Le tout déguisé en un besoin d’apparence noble comme « de dire enfin les vraies choses ». Cette personne s’est exprimée et n’avait aucun désir de communiquer, car s’exprimer — dans ce cas-ci laisser libre cours à sa frustration — était déjà un exploit pour elle. Je suis tombé dans le jeu et ça m’a pris un certain temps pour voir vraiment ce qui s’est passé, car les émotions, quand elles s’expriment, tendent à obscurcir notre jugement. Ça demande de l’entraînement pour distinguer ce qu’il y a à voir.


Voici quelques exemples de communications non responsables.

  • “Je me sens floué, trahi, déshonoré”. Ce sont des accusations subtiles déguisées derrière un “je”. Être trahi… déshonoré… ne sont pas des émotions, ce sont des créatures du mental. Ce sont des concepts. Dans une communication responsable, on parle de ses émotions, comment on se sent dans une situation donnée.
  • “Je sens que tu ne me respectes pas”. Ça commence bien avec un « je », mais ça trahit vite la vraie intention deux mots plus loin, avec un « tu », directement dans le piège de l’accusation. De plus, dire que ”tu ne me respectes pas” n’est pas une émotion, c’est un concept et un jugement de valeur, et tous les jugements sont discutables, donc susceptibles de dégénérer en argumentation. Est-ce vraiment l’effet désiré?

Dans une communication responsable, on parle de ses émotions, « comment on se sent » et on parle vraiment au « je ». Si la communication contient des accusations, voilées ou explicites, il y a fort à parier que ça provoquera une fermeture, sinon une mise en défensive de l’autre côté du fil.


Parler uniquement de ses émotions demande de l’entraînement et ce n’est pas facile quand on ressent de la colère, mais la récompense au fil d’arrivée est que notre partenaire a la possibilité de se sentir touché, ému, au lieu de passer son temps à examiner si ses murailles tiennent bon. Pas d’attaque enlève la nécessité de se défendre. S’exprimer dans sa vulnérabilité amène de la compassion et une vulnérabilité réciproque. Dans cet espace sécuritaire, l’amour a la possibilité de refaire surface. Une véritable communication peut s’établir.

PARTAGER