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Il est fascinant de voir à quel point notre ego s’adapte à notre niveau de conscience pour nous amener constamment sur de fausses pistes. Après tout, notre ego fait partie de nous et c’est normal qu’il évolue à la même vitesse que cette autre partie en nous qui aspire à le transcender. C’est pourquoi on retrouve de l’ego chez tout le monde, même chez les personnes les plus évoluées. Encore une fois, on ne peut que s’attraper et se pratiquer à s’attraper le plus rapidement possible. On ne pourra jamais se défaire totalement de l’ego, pas plus qu’il est possible de tirer plus vite que son ombre.
Nous adorons avoir raison. En réalité, c’est notre ego qui adore avoir raison. Aimez-vous avoir raison? Qui n’aime pas avoir raison?
Beaucoup de gens associent l’ego à l’orgueil et au pouvoir. La définition qui m’intéresse provient de la neuroscience qui dit que l’ego est un mécanisme de protection des dangers extérieurs, un veilleur qui nous met en garde constamment contre ce qui pourrait nous faire du mal (sous toutes ses formes). L’ego nous rend prudents car il veille à notre survie; l’ego aime juger et avoir des opinions sur tout ce qui le chatouille. Le voir à l’œuvre est un travail de tous les instants, parce que notre ego fait partie de nous. Les quatre accords toltèques de Don Miguel Ruiz parlent du juge, celui qui punit et cherche à nous maintenir petits et dépendants du jugement des autres ainsi que de notre propre jugement.
Notre ego est cette voix intérieure qui, si on ose faire quelque chose de risqué, vous met en garde et si vous avez le malheur de vous planter, vous narguera en vous disant « je te l’avais bien dit ». La petite voix intérieure du mental n’est pas votre ennemie, mais elle peut vous nuire si vous n’en êtes pas conscient. Il faut savoir s’en faire un collaborateur et ça s’apprend. Comme l’ego adore avoir raison, on peut aussi le reconnaître à son côté moralisateur. Dans son discours, il y a toujours des bons et des méchants, du bon et du mauvais, etc.
Notre ego se camoufle et nous fait croire que notre ego, c’est nous… On pense que nous sommes nos opinions, nos idées, nos pensées, nos émotions et qu’on n’y peut rien. En fait, c’est ce qui définit notre personnalité, notre identité. Le problème, c’est de croire que nous sommes notre personnalité, uniquement notre personnalité. Pour beaucoup, renoncer à l’ego signifie renoncer à qui nous sommes, à notre couleur. Est-ce vraiment qui nous sommes? Il existe à ma connaissance un atelier (auquel j’ai participé) pour développer la conscience de l’existence et du travail de l’ego dans le but d’arrêter d’être des victimes de l’ego. Je peux vous assurer que ça fonctionne.
À mon avis, la plus pernicieuse forme d’ego est l’ego spirituel. Dans une quête de vérité, de sagesse, d’ouverture d’esprit, de raison d’être, beaucoup de gens font du développement personnel ou spirituel, des retraites, des ateliers, etc. L’intention est noble. Interrogeons-nous un instant d’où vient ce besoin: au-delà de « faire le bien », n’y a-t-il pas un besoin plus profond de se créer des ancrages, des directions dans nos vies qui donnent du sens à qui nous sommes, à ce que nous faisons et où nous voulons aller? Nous avons tous une quête, une soif de comprendre notre place dans l’univers et le sens de la vie. Cette quête nous pousse à trouver des réponses qui ont un sens, nous pousse vers des groupes et des courants de pensée dont leur saveur de « vérité » résonne avec la nôtre, avec laquelle on se sent confortable.
Quant à moi, René, une chose m’est importante: je veux créer une différence pour les gens dans ma vie (sinon je n’écrirais pas ceci). De quelle façon mon ego spirituel a-t-il tendance à se manifester? Je vous soumets deux exemples où je dois me surveiller.
Je crois que vous saisissez. L’ego spirituel vient d’une bonne intention: te sauver, toi. Oui, toi. Que tu le veuilles ou pas, dans mon ego spirituel, j’ai une idée de ce qu’il te faut penser, boire et manger pour y arriver.
Il y a aussi des gens qui embrassent une cause et la défendent à mort, peu importe les dommages qu’ils font autour d’eux. Les prétendus bienfaiteurs et sauveurs de la planète… Ils sont tellement convaincus qu’ils détiennent la vérité qu’ils partent en guerre. Mais la guerre, même pour une bonne cause, est toujours une guerre. Et ce n’est pas parce qu’on est prêt à mourir pour une cause que ça la rend nécessairement légitime.
L’ego spirituel est à l’origine de toutes les guerres de religion, tous les ostracismes, tous les racismes, parce qu’il y a quelqu’un qui, de sa sublime et bien intentionnée grandeur, regarde les fourmis à ses pieds et se dit en son for intérieur: « pôvre vous autres. Moi, je sais. »
L’ego aime et a besoin d’avoir raison.
Quand c’est notre ego qui prend le contrôle, on ne peut voir à quel point nous sommes arrogants et qu’on cherche simplement à avoir raison. Du moins on pense avoir raison. J’ai raison.
Le problème, c’est que tu as aussi raison. As-tu remarqué qu’avoir raison n’est pas la solution et que ça n’a rien réglé? Après quoi, si tu te demandes « mais qui a vraiment raison? », d’où penses-tu que vient cette question?