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Victime des circonstances

Je suis tombé en amour cul par-dessus tête à quelques reprises dans ma vie. C’est à la fois une bénédiction et une malédiction quand la céramique commence à se fissurer. Une de ces fois est arrivée juste avant mon départ pour un road trip en moto avec mon chum Richard. Itinéraire: le nord-ouest des États-Unis, le Grand Canyon, Colorado et Utah, des endroits fascinants connectés à des routes de rêve.


J’ai été malheureux comme une pierre, triste, inconsolable. Il m’est arrivé de pleurer en roulant. Peu importe comment Richard me parlait, comment il se comportait avec moi, j’arrivais difficilement à m’accrocher un sourire. Oubliez le moment présent, j’étais dans mes souvenirs, dans ma peine. Je me souviens à peine du voyage.


Je lui en ai voulu à ELLE, de m’avoir causé toute cette peine. J’avais des accès de rage, j’avais de la difficulté à dormir tellement c’était envahissant. Elle était la cause de ce voyage perdu, saboté. Elle. À cause d’elle.Tout de ça était de sa faute.


Aujourd’hui je comprends que ma peine était tout à fait légitime. Personne ne peut recevoir un coup de marteau sur un doigt sans broncher. Ce qui a manqué est de prendre responsabilité de la façon dont j’ai laissé cette circonstance dicter ma vie. Je suis devenu une victime des circonstances. Il y a un fait, mesurable et observable: elle et moi avons rompu notre relation. Tout le reste, le drame, les larmes, la peine, l’amertume sont MA création. Mon histoire. Mon ajout à ce qui s’est passé. Le fait de mettre mon focus sur elle a aussi fait en sorte que j’évitais de jeter un regard sur ma responsabilité, mes torts et, ultimement, sur mon bien-être.


Je vois ça de temps à autre dans les ateliers que je fréquente: des personnes qui baignent à chaque fois dans le jus de leur peine récurrente, qui saignent leur tristesse de ce qui leur est arrivé à la moindre occasion et de façon répétée, qui sont devenus littéralement leur peine avec le temps, incapables de surmonter l’histoire de leurs circonstances. Ils baignent constamment dans les mêmes plaintes récurrentes au sujet des mêmes événements marquants. Incapables de choisir la vie, étant victimes de ce qui leur est arrivé. Incapables de choisir autre chose, incapables de se dire que ce qui leur est arrivé est arrivé dans le passé, et que le passé est passé et dépassé et qu’il leur reste une vie à vivre au présent, au futur et qu’ils ont leur mot à dire sur la façon dont ça va se passer dorénavant.


Entendons-nous bien: il ne s’agit pas de ravaler ses larmes à tout prix. En fait, les études cliniques démontrent que le fait d’embrasser sa peine, son humanité, aide à passer à travers plus rapidement et avec moins de dommages collatéraux que de résister et se comporter comme “un homme”, un homme qui ne pleure pas. La rupture, qui est un fait, ne peut créer comment je vais vivre, interpréter cette circonstance, c’est impossible. Le fait de ne pas savoir départager ce qui m’appartient, ma création de ce qui m’est arrivé (le fait, la circonstance) m’a entraîné dans ce gouffre. Je me suis laissé entraîner, grosse nuance, en ne sachant pas que j’avais mon mot à dire sur la façon dont j’allais vivre cette peine.


Le problème avec la victimite est qu’elle nous fait croire que nous sommes finis, impuissants, condamnés. Que nous sommes incapables de choisir d’autres pensées, des pensées qui construisent, qui nous élèvent. Le problème de la victimite est qu’elle nous met dans un état d’impuissance par rapport à ce que l’on vit, à ce qu’on ressent maintenant. Donc, si vous ressassez constamment les mêmes événements passés, vous êtes dans la victimite et vous vous sentez impuissant à changer le cours de votre vie.


Cet état d’impuissance n’existe pas. C’est une création mentale, ce n’est pas qui nous sommes vraiment. Nous ne sommes pas nos pensées de merde. Choisir de penser autrement demande du courage, de la volonté. Il faut juste choisir, autrement. Et nous pouvons toujours choisir.

Pour finir le récit de ma rivière de larmes, sachez que cette rupture est totalement de ma faute. Elle voulait juste me parler de ce qui n’allait pas, ce que j’ai découvert ultérieurement dans une conversation. Moi j’ai entendu son début de phrase “il faut qu’on parle”, auquel j’ai ajouté automatiquement dans ma tête “il faut qu’on parle de notre rupture. Ce n’était même pas son intention!


De la présomption à l’état pur. Si vous riez présentement de moi, c’est OK, je l’ai cherché.

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